samedi 30 janvier 2016

POUR UNE LARME DE POLICHINELLE

POUR UNE LARME DE POLICHINELLE ©
Ecrit par Christel Lacroix auteur

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Polichinelle désarticulé gît à même le parquet
On vient de couper tous ses liens sans pitié
Plus rien ne le relie aux articulations de la vie
Démembré il ressemble à un fantôme endormi

Le fil de la confiance l'avait toujours rassuré
Le fil de l'amour propre l'avait fait exister
C'était devenu une poupée de chiffon heureuse
Aujourd'hui flotte sa fine silhouette vaporeuse

Quand les fils s'emmêlaient en imbroglios
Il suffisait de tirer un peu pour redresser son dos
Il avançait alors de fil en fil nuit et jour en souriant
Le regarder devenait un spectacle divertissant

Le fil de l'assurance lui avait appris à danser
L'équilibre n'avait pas été facile à maîtriser
Ce soir ce n'est plus qu'un amas de morceaux
Ses instants bénis sont tombés en lambeaux

Polichinelle aimerait pouvoir en pleurer
Mais les clowns tristes se cachent pour aimer
Ils se cachent aussi pour souffrir en silence
Leur vie rapiécée ne mérite pas transcendance

Il souhaiterait tant retrouver ce fil essentiel
Qui lui avait permis un jour de voir le ciel
Celui qui avait relevé sa tête avec dignité
Le fil de la passion et de l'amour partagé

Ce n'est qu'une banale marionnette de foire
Une simple curiosité sans importance notoire
Il voudrait ressembler à ceux qui s'aiment
A ces gens qui l'applaudissent le soir sur scène

Polichinelle désarticulé gît à même le parquet
Ces fils sectionnés font mal à son âme vidée
Une lourde larme coule sur les lames de bois

Il pleure comme un homme c'est la première fois




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