samedi 16 mai 2015

TOILE DE VIE


TOILE DE VIE



Petit à petit leurs visages s'étaient éloignés

Juste une petite toile s'était tissé entre leurs yeux

Brodée de silence et piquée de non dits étouffés

Cachant la face de leur âme qui les rendait heureux



Petit à petit cette toile avait grandi

L'araignée du temps qui passe avait filé son piège

Ils ne se parlaient plus et vivaient dans les débris

Débris d'un bonheur brisé sur l'immaculée neige



Petit à petit leurs yeux devinrent aveugles

Le cessité de l'ennui avait gangrené leurs regards

La vie devenait âpre et terne sous tous ses angles

La toile se tinta alors de sombre il était trop tard



Petit à petit deux mondes naquirent

Deux territoires éloignés derrière la toile figée

Étaient nés de leurs silences et absence de désir

Les belles broderies perdirent leur vive beauté



La toile fragile se déchira bientôt

Les fils tendus n'avaient hélas pas pu résister

Leurs vies effilochées tombaient en lambeaux

Plus rien n'existait sinon ces fils épars et usés



La toile avait disparu de leur vue

Ils levèrent enfin la tête contournant la fatalité

Ce qui les séparait avait éclaté et était décousu

Ils se redécouvraient amants perdus et aimés



L'araignée de leur cœur mourrait

Le sourire vint dessiner son arc sur leurs visages

Leurs mains s'étirèrent et se joignirent à jamais

L'épreuve de la toile n'était pas un mauvais présage

16 mai 2015 – Broderies d'un soir



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