TOILE DE VIE
Petit à petit leurs visages
s'étaient éloignés
Juste une petite toile s'était
tissé entre leurs yeux
Brodée de silence et piquée de
non dits étouffés
Cachant la face de leur âme qui
les rendait heureux
Petit à petit cette toile avait
grandi
L'araignée du temps qui passe
avait filé son piège
Ils ne se parlaient plus et
vivaient dans les débris
Débris d'un bonheur brisé sur
l'immaculée neige
Petit à petit leurs yeux devinrent
aveugles
Le cessité de l'ennui avait
gangrené leurs regards
La vie devenait âpre et terne sous
tous ses angles
La toile se tinta alors de sombre
il était trop tard
Petit à petit deux mondes
naquirent
Deux territoires éloignés
derrière la toile figée
Étaient nés de leurs silences et
absence de désir
Les belles broderies perdirent leur
vive beauté
La toile fragile se déchira
bientôt
Les fils tendus n'avaient hélas
pas pu résister
Leurs vies effilochées tombaient
en lambeaux
Plus rien n'existait sinon ces fils
épars et usés
La toile avait disparu de leur vue
Ils levèrent enfin la tête
contournant la fatalité
Ce qui les séparait avait éclaté
et était décousu
Ils se redécouvraient amants
perdus et aimés
L'araignée de leur cœur mourrait
Le sourire vint dessiner son arc
sur leurs visages
Leurs mains s'étirèrent et se
joignirent à jamais
L'épreuve de la toile n'était pas
un mauvais présage
16
mai 2015 – Broderies d'un soir
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