dimanche 10 novembre 2013

LE VENTRE DE LA FORÊT


LE VENTRE DE LA FORÊT





Au loin au bout de cette route pointait l'orée de la forêt

Il allait enfin pouvoir y pénétrer et seul s'y abandonner

Le chemin y grimpait et il allait tout doucement le gravir

Pour profiter de cet instant béni qui attisait son sourire



Ses pas harassés se faisaient de plus en plus légers

Il accédait sans le savoir à cet havre serein de paix

Les feuilles amoncelées dans leurs tapis automnal

Lui déroulaient la route éternelle vers son Graal



Son cœur et ses tempes tapaient et s'accéléraient

Que ce bruit sourd devenait doux et inaccoutumé

Le vent dans les arbres soufflait sa folle mélodie

Tant de notes tintaient inconnues et étourdies



Il s'arrêta pour humer les parfums de la nature

Une rivière naquit dans ses yeux embués

Il ramassa une feuille pour lire dans ses nervures

Son avenir appartenait à ces sous-bois enchantés



Ses larmes coulaient et la feuille fragile frissonnait

Il la garda dans sa poche serrée tout contre son cœur

Il venait d'entrer doucement dans le ventre de la forêt

Sans un bruit il effaçaient ses anciennes rancœurs



A chaque arbre rencontré une histoire ici et là germait

Ils étaient sa famille si heureux de les retrouver

Il effleurait parfois leurs troncs cicatrisés et il pensait

Que cet échange intemporel était sublime et intense



Sur le tapis de mousse traversé il rencontra la douceur

Ses pieds s'y enfonçaient et il touchait enfin au mot bonheur

Devant lui resplendissait l'élégante reine rouge du peuple boisé

Une gracieuse amanite étirait sa silhouette et tirait son chapeau



Rouge étoilée de blanc il la trouva merveilleuse et sublime

Mais sa beauté éclatante il n'en deviendrait pas victime

Il connaissait bien trop la vie pour se laisser ainsi méprendre

Il avait appris dans la forêt il avait vécu sans toujours comprendre



C'est autre chose qui l'attirait maintenant inopinément

Il sentit un appel lointain comme une douce présence

Il avança vers les fougères imposantes maladroitement

La lisière du bois était toute proche son âme la pensa



Là au milieu du dernier et ultime tapis de mousse

L'attendait secrètement une toute petite tête marron

Un peu gauche un peu timide mais recherchée par tous

Il crut bien que celui-là lui était destiné : son champignon



Il ne le cueillit pas de suite il préféra l'observer un moment

La rivière de ses yeux refit surface larmes de bonheur

Il le sépara alors de sa terre nourricière tout doucement

Et le déposa dans sa besace pleine d'espoir et d'apesanteur
 


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